Une Nouvelle Recrue...

- "Monsieur McCracken est là."

L'interphone posé sur le vaste bureau de Sirio venait de cracher une annonce. "Lucky", enfoncé au fond de son fauteuil, se redressa et posa le dossier qu'il était en train d'examiner, ayant bien sûr pris soin de le refermer. Il appuya ensuite sur le bouton rouge du vieil interphone :

- "Oui, faites-le entrer Ilva !" dit-il d'une voix sereine.

Visiblement, il était dans un bon jour. Sirio se leva, traversa la pièce et s'arrêta devant la large baie vitrée qui surplombait la salle de jeux. Les rangées de machines à sous scintillaient. Sur la droite, les tables de Poker étaient presque toutes pleines. Le Black Jack ne fonctionnait pas mal non plus. Et les roulettes tournaient. Sirio était plutôt fier du business qu'il avait réussi à monter... Bien sûr, il en avait hérité une bonne partie, mais il avait réussi à faire du "petit" casino familial, une entreprise désormais cotée en bourse, faisant chaque année un chiffre d'affaires supérieur à l'année précédente...

Sirio chercha des yeux la personne qu'il attendait, mais il ne l'avait jamais vue. Il ne lui avait même jamais parlé. C'est par le biais d'un contact commun qu'ils avaient été mis en relation. Le parrain était toujours à la recherche de sang neuf pour grossir ses rangs... Il ne faisait pas particulièrement confiance aux nouveaux, mais leur laissait tout de même leur chance de faire leurs preuves. Généralement, le premier contact était primordial. Il avait l'habitude de déceler chez les inconnus les qualités qu'il attendait de ceux-ci, si celles-ci étaient présentes bien-sûr...

Il avait l'habitude des entretiens d'embauche... en tant que padrino, bien sûr... il ne s'occupait que très rarement d'embaucher le personnel pour ses casinos, sauf lorsque l'employé en question lui apportait un intérêt particulier...
Jusque-là, la plupart de ses recrues s'étaient montrées à la hauteur de ses attentes... quelques-unes d'entre elles avaient bien sûr essayé de le baiser, mais personne ne serait capable de dire ce qu'elles sont devenues... personne sauf Sirio et ses plus proches collaborateurs...

L'on frappa à la porte... celle-ci s'ouvrit et un agent de sécurité fit son apparition dans la pièce. Le regard plein d'humilité, le gorille annonça à Sirio qu'il amenait Monsieur McCracken.

- "Merci Andy, laisse-le entrer..."

Bien qu'il ne s'occupât pas du recrutement de ses employés, Sirio connaissait tout d'eux... Andy était un brave gars qui ne l'avait jamais déçu... il pensait lui proposer un petit travail supplémentaire un de ces quatre... Il avait la carrure de ceux qui travaillent sans se poser de questions... Celui-ci fit entrer Bert McCracken et se retira.

Sirio s'avança vers Bert et lui tendit sa large main droite.

- "Vous êtes Bert McCracken ? Sirio Paganelli..."

Il se présenta plus pour la forme que pour le fond, sachant pertinemment que son interlocuteur savait à qui il avait à faire...

Avait-il raison ? Avait-il eu raison de venir ici ? Bert ne le savait pas vraiment. A l’origine, il avait décider de venir ici pour montrer à ses filles qu’il n’était pas qu’un ivrogne violent. Pour montrer à Holly & Wed qu’il pouvait également être bon. Mais il se doutait qu’en réalité, ce qu’il aurait à faire suite à sa venue ici n’aurait rien d’honorable. Il le savait désormais. Mais pourquoi ne faisait-il demi-tour ? Pourquoi décidait-il de quand même continuer son chemin. Était-il vraiment cette personne mauvaise, se préoccupant peu des autres ? Non, il devait devenir quelque un d’autres, à ses yeux, comme à ceux de ses deux filles. Il s’arrêta de marcher et commença à réfléchir… Que faire ? Étrangement, il continua tout droite.

Il n’était pas question de laisser tomber si tôt, s’il voulait un jour devenir quelque un de bien, s’il voulait un jour avoir cette chance, il devait la provoquer. Peut-être pourrait-il tirer profit de cette rencontre avec cet étrange Paganelli… Bert ne l’avait jamais vu, il ne connaissait même pas son nom avant qu’une connaissance lui en parle, et lui avait dit que s’il voulait trouver du boulot, il aurait plus de chances d’en décrocher un en allant là-bas. Bert avait alors vu en cet homme la chance, l’espoir de changer et surtout de prouver à Holly et Wed qu’il avait changé ….Il n’était plus très loin désormais, et son cœur commença à battre de plus en plus fort..

Avait-il peur ? Non, ce n’était pas de la peur. Depuis qu’il avait apprit la connaissance de Paganelli, Bert n’avait cessé de réfléchir… Et il ne pouvait s’empêcher de se dire qu’au fond de lui-même, il connaissait la vrai nature de cet homme… Mais Bert n’avait pas désespéré … Bien entendu, il se méfierait de cet homme et déjà, il n’avait pas grande confiance en lui… Mais il verrait bien… Peut-être sera-t-il agréablement surprit ? Peut-être que Paganelli était en faite un homme de confiance qui finirait par offrir du travail à Bert. Ce dernier lui en serait très reconnaissant. Mais peut-être qu’il valait mieux garder sur ses gardes, pour le moment….

Voilà, Bert était arrivé. Le Golden Nugget Casino. Un casino ? Cela sentait pas bon. Ce ne serait pas le premier directeur de casino a faire parti de groupe pas très fréquentable… Bert entra. A peine un pas fait dans l’immeuble, que McCracken resta bouche bée. Décidemment, Paganelli était le directeur d’un très grand casino. Bert imagina tout de suite le cliché du très grand homme d’affaire, assez intimidant et très strict. Bon, peut-être avait-il trop de préjugés ? Peut-être se posait-il trop de questions également …. Resté immobile pendant plusieurs secondes, il se décida enfin d’avancer…

Il y avait, ici, tout ce que l’on trouvait dans casino (logique) : machines à sous, sans oublier les tables de poker, de Black Jack ainsi que les roulettes. La salle de jeu était très grande ! Bert eut du mal à s’empêcher de rester béas devant une telle pièce. Mais il continua à avancer, jetant des coups d’œil surprit de tout les cotés … Lorsqu’il arriva devant le bureau de quelque un. Une femme. Elle regarda bizarrement, comme surprise. Il avait pourtant bien rendez-vous ?

« Je m’appelle Bert McCracken, j’ai rendez-vous avec Mr Paganelli …»

Elle lui indiqua la direction, et il continua son chemin. Cette fois, c’est un agent de sécurité qu’il rencontra. Sans même dire bonjour, ni rien, ce dernier lui fit signe de le suivre et Bert obéit. Ils arrivèrent devant une porte. L’agent de sécurité frappa et quelques secondes plus tard, il entra, suivit de près par Bert. Enfin, Bert vit Mr Paganelli. C’était un assez grand homme, habillé homme d’affaire, et il était tout de même assez intimidant. Paganelli tendit sa main à Bert et ce dernier la serra :

« Vous êtes Bert McCracken ? Sirio Paganelli... »

« Enchanté» dit Bert.

Il essaya d’être le plus poli possible, et également le plus présentable. En effet, aujourd’hui, il s’était habillé du mieux possible. Il s’était rasé, et puis même coiffé. Les deux s’assirent, et Bert redressa sa cravate. Il se demandait s’il devait parler. Peut-être devrait-il laisser Paganelli parler le premier. Mais celui-ci ne semblait pas s’y résigner. Bert décida donc de se lancer :

« Hummm…. Mr Paganelli… On m’a dit que je trouverais du travail en vous rencontrant, c’est pour cela que je suis venu ici… vous aller me donner un travail non ? »

Sirio savait à qui il avait à faire... il s'était renseigné du mieux qu'il pouvait au sujet de Bert McCracken... et quoi de plus facile lorsqu'on a à faire à une rock-star déchue ? Il fut amusé par la situation. Celui qu'il avait vu dans les pires accoutrements était à présent devant lui, visiblement habillé du mieux qu'il pouvait... et c'était très bien ainsi... Son nœud de cravate n'était pas parfait, mais ce n'était qu'un détail...

Sirio invita son interlocuteur à s'asseoir, puis, à son tour, il retrouva le fauteuil noir derrière son bureau. Il regarda le jeune homme, attendant que celui-ci prennent la parole. C'était une habitude chez lui... il attendait toujours que ses possibles recrues fassent le premier pas. Ainsi, il voyait ce pour quoi ils étaient réellement venus. D'emblée, Bert McCracken parla de trouver un travail. Ce fut un bon point ! C'était exactement ce que Sirio recherchait : Un homme qui veuille travailler, pas un traîne-savates à la recherche de prestige... Le dernier homme qu'il avait vu commença à lui parler de l'image de Sirio, qu'il était l'un des hommes les plus respectables, et patati, et patata... le léchage de bottes était bien la dernière tactique à employer face à Sirio...

Bert McCracken avait l'air franc... il expliqua simplement et clairement ce pour quoi il était là... cependant, bien qu'il en soit sans-doute déjà informé, il fallait le prévenir que le genre de travail qu'il trouverait dans ce bureau n'était pas des plus charitables...

- "Mmmhmmmm..." Fit Sirio, accompagné d'un hochement de tête en signe d'acquiescement. "J'ai en effet pas mal de travail à proposer, et je n'aurai jamais assez d'hommes pour le faire... aussi, vous êtes le bienvenu. Mais j'aimerais toutefois vous avertir. Le genre de... tâches... que vous aurez à accomplir n'est pas des plus sûres, ni des plus... légales... Il faudra que vous soyez assez fort pour accepter tout ce que je vous demanderai. Vous comprenez ?"

Sirio se leva et fit quelques pas en direction de son bar. Il ouvrit celui-ci et sortit une bouteille de Bourbon. Il sortit également deux larges verres ainsi qu'un bac à glaçons.

- "Vous prendrez bien un verre ?" demanda-t'il en se retournant vers son hypothétique futur homme de main.

Le jeune homme ne semblait pas bien à l'aise... peut-être Sirio avait-il été un peu trop direct avec lui... Mais il le fallait, ses "employés" devaient savoir à quoi s'attendre et il n'enverrait personne sur le terrain avant de l'avoir complètement briefé...

Avant de lui parler de son travail, Sirio entreprit d'en savoir un peu plus sur Bert McCracken. Il avait lu dans une revue qu'il était le père de deux filles. Il décida de l'engager sur ce sujet.

- "J'ai cru comprendre que vous aviez deux filles ? J'ai moi-même trois enfants..."

Bert avait été assez direct. Peut-être Paganelli avait été surprit par cela, mais peut-être Bert avait-il fait bonne impression. Cela faisait longtemps qu’il n’avait plus surprit quelque un en bien. Mais peu lui importait, il n’était pas venu pour ça. Ce qui lui fallait, c’était un job. Gagner du blé. Et aussi avoir une autre activité que l’alcool ou la drogue. Ce n’était pas chose facile, mais Bert estimait qu’il pouvait en être capable. Et Paganelli semblait bien vouloir lui « offrir » du travail. Amusant.

Qu’est-ce qui était amusant ? Eh bien, alors que Bert sentait qu’il commençait à devenir meilleur, cela ne l’empêchait pas de demander du travail à un parrain de la mafia. Et consciemment, qui plus est. Oui, une chose était sur : Bert McCracken n’était pas quelque un de fréquentable, loin de là. Alors qu’il avait tout pour déplaire : violent, ivrogne, drogué, il ne lui restait plus qu’à travailler pour un mafieux. C’était quasiment chose faite désormais, mais ne sait-on jamais, peut-être que Paganelli lui refuserait le travail ….

Bert regarda la pièce dans laquelle il se trouvait lui et son possible futur patron. La pièce était assez vaste, et grâce à un bais vitrée, on pouvait voir le casino dans toute sa grandeur, et sa richesse. Oui, pour faire construire un tel casino, il en fallait du blé … Paganelli ne devait pas en manquer. Oui, en général, les parrains de la mafia n’en manquaient pas. Bert se retourna vers Paganelli, assit face de lui, dos à la baie vitrée et ce dernier venait de dire :

« J'ai en effet pas mal de travail à proposer, et je n'aurai jamais assez d'hommes pour le faire... aussi, vous êtes le bienvenu. Mais j'aimerais toutefois vous avertir. Le genre de... tâches... que vous aurez à accomplir n'est pas des plus sûres, ni des plus... légales... Il faudra que vous soyez assez fort pour accepter tout ce que je vous demanderai. Vous comprenez ? »

Voilà, Bert avait la confirmation que son travail ne serait pas légales. En même temps, Bert n’avait pas beaucoup fait de choses légales dans sa vie, ce n’était pas dans ses habitudes, et cela ne le dérangeait pas plus que ça. Mais Paganelli était assez audacieux pour le dire comme ça à Bert, même si il aurait fallut le faire à un moment ou un autre. Et Bert était content que cela soit dit d’entrée.

Puis, Paganelli se leva et se dirigea vers un tiroir. Bert évita de le suivre des yeux et il vit ce dernier revenir vers l’ex rock star, une bouteille à la main. Oulaaa, Bert regarda plus attentivement (et discrètement) ce qui était écrit sur la bouteille : Bourbon. Il avait aussi emmener deux verres. Il allait sûrement proposer à Bert de boire, mais serait-ce une bonne idée, ou non ? Oh non, l’alcool ne dérangeait pas du tout Bert (loin de là) mais était-il raisonnable de boire, même sur le lieux de son futur travail ?

Oh et puis, si c’était le patron qui lui avait proposé, pourquoi pas ? Il boirait un verre, peut-être deux, et puis c’est tout. Mais allait-il céder ? Allait-il demander un troisième, puis un quatrième verre jusqu’à vider la bouteille ? Non non, s’il voulait montrer à Paganelli qu’il était capable de faire du bon travail, il devait au moins se contrôler. Paganelli était ,peut-être, au courant de son alcoolémie, mais s’il lui montrerait qu’il ne voulait pas trop boire, il ferait également bonne impression ?

« Vous prendrez bien un verre ? »

Bert sourit, et acquiesça d’un signe de tête. Paganelli le servit, puis se servit lui, et enfin ils burent. Une fois le verre terminé, Bert posa ce dernier vide sur la table et attendit que Paganelli parle. Peut-être avait-il déjà un boulot à lui proposer ? … Et peut-être que Bert se faisait des idées ? Paganelli ne lui pas encore assuré qu’il lui donnait du travail…. Puis contre tout attente, Paganelli dit :

« J’a cru comprendre que vous aviez deux filles? J’ai moi-même trois enfants … »

Sujet délicat en approche. Bert ne pouvait pas trop parler de ses deux filles, et il préférait encore moins qu’on lui en parle. Mais par politesse, il acquiesça, la tête baissée. C’était sur que c’était un sujet délicat. Ses filles, il ne les voyait plus, et tout cela était de sa faute. Faut dire qu’il n’avait pas été le père parfait… C’était un ivrogne, drogué, qui ramenait tout les soirs des femmes, il lui arrivait même de taper sa fille aînée : Holly.

Cela faisait un petit moment qu’il ne les avait pas vu : elles avaient fugués du foyer familiale et Bert ne se souvenait pas avoir alerter la police pour cela. Quel ingrat avait-il été. Quel ingrat était-il toujours. Mais assez cogiter sur ses deux filles, maintenant, il voulait parler boulot et était pressé de savoir en quoi consistait son premier travail : … légal ou non.

« Monsieur, je … En quoi consiste mon premier travail ?… si vous voulez bien m’engager bien sûr… »