Journal d'Holly McCracken

Journal d'une muette.

{ Time does not exist here. And wherever it went,
it's not going to make me need speaking any less.

Vendredi 25 Juillet 2008, 23.34mp,
New-York, lavomatique du coin.

« Cher Journal,

Les plus belles illusions sont les plus douloureuses. Rêves aussi futiles qu'inutiles, quand cesseront enfin ses enfantillages ? Marre de cette constante insouciance. Quand le jeu n’amuse plus, il devient pathétique … Je l’aime quand même cette petite sœur. Tellement. Tellement fort. Je rêvasse au le vent, je touche l’ombre de son fantôme … Elle n’est pas là. Sa joie de vivre pourtant insupportable ne met plus de couleur là où il en faut. Entourée par quatre murs et leurs machines incrustées, une prison métallique et électronique avec vue sur la route. Route où rien ne passe. Les gens sont pommés. Pommés. Tous. Exercice de style? Non, je ne crois pas. Je n’y crois plus … Sans eux, c’est sans rien... Vivement 6.00am que je puisse me barrer de cet endroit miteux et les retrouver... Mais dès 11.00am tout devra recommencer et je reviendrai ici. C'est infernal.

À quoi bon pleurer, sinon à perdre du temps inutilement. Je n’ai même pas le droit d’écrire avec ce crayon. Ce n’est même pas le mien. Je l’ai piqué à Jared... Il doit lui manquer, son cher crayon... Il ne peut plus s'enfoncer dans son cahier. C'est drôle, les rôles s'inversent. Mais tout ce que j'écris est fait pour être gommé. Gommer les malheurs du monde comme les miens. C'est pareil, je n'ai pas son talent. Je ne suis qu’une spectatrice, je regarde les gens vivre en silence et je ne suis pas même capable de prendre une plume et de l'expliquer. Je les jalouse. Pas tous! Les humains sont pitoyables. Quelques mutants aussi. Ils ne savent pas la chance qu'ils ont, ils ne le sauront probablement jamais. Je ne veux plus vivre par procuration. Vivre d’images, de rêves et d’illusions, cela ne m'intéresse plus… C'est bon pour Weddie, ça. Il est tard. Trop tard. J’en ai marre. Je n'en peux plus. J’espère, j’attends, je fuis, je suffoque.

J’aimerais qu’il existe un Dieu. Pour savoir qui détester, voire maudire, maintenant que je ne vois plus Papa. Histoire de me lancer dans le vaudou, ça m’occuperait. Cela me fait bizarre de penser encore à lui, mon cher Papa. Les reverbers n’éclairent rien. Le ciel est toujours aussi sombre et triste.

Le monde sonne faux. Je sonne faux. Mais qui suis-je donc? Qui comprendra ce que je ne peux pas même sonder dans mon esprit? Je suis seule. Désespérément seule. Jared n’est pas là, en plus… À quoi bon. Je n’ai même plus de temps à lui consacrer. Lui qui me donnait le sourire parmi tout le gris reflétant le reste des jours de pluie. Mince alors. Je l’aime bien en fait. Il me manque. Si seulement il était là …

Page de journal stupide ! Bonne à déchirer et à jeter. Je garde le crayon, il faut que je le lui rende. Je le poserai sur sa table de chevet en rentrant, il sera certainement encore endormi. »

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